Depuis le 02 octobre 2014, les combattants des Forces Démocratiques et alliés, ADF, massacrent des civils innocents, enlèvent des hommes, femmes et enfants. Ils incendient des villages et pillent des ressources dans les territoires de Beni, au Nord-Kivu, et Mambasa et Irumu, en Ituri. Plus de 7 ans de violences dans une zone hautement militarisée par les Forces Armées de la République démocratique du Congo, (FARDC), et une présence massive de plus de 20 000 casques bleus, la plus grande mission de l’ONU au monde, selon plusieurs rapports des ONG nationales et internationales.
Au niveau local, les membres de la Véranda Mutsanga ainsi que d’autres habitants accablés par cette situation dénoncent l’inaction de l’armée, s’organisent pour dénoncer, conscientiser et organiser l’auto-prise en charge dans la sécurisation de leurs villages et agglomérations respectives. Une démarche difficile très combattue par ceux qui sont dernière cette tragédie. Présents au sein de l’armée, la police et la classe politique, ces complices du malheur de la population organisent la chasse à l’homme contre les jeunes militants au sein des organisations les obligeant à vivre en clandestinité.
Après avoir appelé à une marche pacifique, en septembre 2020, pour dénoncer la poursuite des tueries et le relèvement des troupes des FARDC dans la zone opérationnelle pour leur inaction, Yotama Kassapard Siviwe, Président de la Véranda Mutsanga, section du territoire de Beni s’est vu obligé de fuir, abandonner son épouse et ses enfants à Oicha pour se mettre à l’abri. Ce militant pro-démocratie a reçu plusieurs menaces de la part des personnes inconnues au lendemain de l’annonce de cette marche.
« Je mène ma vie loin de ma famille parce que des gens m’ont promis la mort. Il s’agit certainement des personnes qui sont derrière les tueries qui nous vivons depuis plusieurs années dans notre région », explique Kassapard Yotama.
Des hommes lourdement armés ont été visibles aux alentours du domicile de ce militant, mais il y était absent.
« Ils sont arrivés jusqu’à mon domicile, heureusement avant mon arrivé à la maison, j’ai reçu un coup de fil de l’un de mes proches pour me dire que des personnes armés sont à ma recherche. Depuis, je ne suis plus revenu à la maison », poursuit-il.
Quand autorités confondent militantisme et rébellion
Deux de ses compagnons de lutte de Kassapard Yotama restent, eux, détenus à la prison centrale de Beni-Kangbayi. Arrêtés dans les circonstances presque similaires, Katya Muzaliwa du même groupe de pression et son coéquipier Bienvenue, membre d’une autre organisation, avaient été arrêtés parce qu’accusés d’organiser une milice. C’était à la suite de la mort d’un militaire FARDC, tué par des inconnus au quartier Masosi.
« D’après leurs fausses investigations, les autorités ont inculpé notre camarade Katya Muzaliwa comme étant à la base de la mort de ce soldat. Alors que tout le monde sait que ce soldat a été tué lorsqu’il tentait d’opérer nuitamment dans ce quartier, près de l’Institut Kalimba. Les autorités disent que Muzaliwa et nous, sommes des Mai-Mai, déplore un jeune militant qui a requis l’anonymat.
La lutta continua…
En dépit de l’arrestation de leurs camarades et des menaces qui continuent de peser sur Kassapard Yotama, des jeunes militants de la Véranda Mutsanga et d’autres mouvements citoyens ne décolèrent pas. Face à la poursuite des tueries dans leurs milieux, ils organisent des actions citoyennes dans le respect des lois de la République.
« Nous avons constaté qu’ils ont instauré l’état de siège pour nous faire taire. Entre temps, ils n’ont pas arrêtés le phénomène ADF. Nous continuons à compter des morts parmi nos parents, nos frères et sœurs, donc nous allons reprendre les actions de la rue pour dire Non à cette façon de faire », annonce un cadre de la LUCHA, Section Oicha.
Unis, les mouvements citoyens et les groupes de pressions ont été, plusieurs fois, à l’origine des échecs dans plusieurs projets contre la République. Le peuple gagne toujours, disent les gens.
CellCom Véranda Mutsanga