La Véranda Mutsanga tire ses origines dans la souffrance que la population de cette partie de la ville de Butembo a traversée pendant plusieurs décennies.
Rappelons d’abord que la partie géographique connue sous le nom de MUTSANGA n’est ni un quartier moins encore une cellule, elle est plutôt une zone géographique allant du « rond – point Ex Ofida », jusqu’ au couvent des frères assomptionnistes de Bulengera, c’est – à – dire jusqu’ à la frontière de la ville de Butembo avec le territoire Beni (Rivière Lwirwa), c’est donc toute la partie Nord – Est de la ville de Butembo, une zone géographique en cheval sur six quartiers de la commune Bulengera comme signalé précédemment.
L’histoire renseigne que cette partie de la ville de Butembo est restée pendant des années une des parties les plus dangereuses de la ville de Butembo sur le plan sécuritaire pour les raisons suivantes :
- Faire frontière avec le territoire de Beni-(ISALE – Graben), qui est une base des rebelles ougandais ADF/NALU depuis 1979, ayant malheureusement des ramifications à Mutsanga où plusieurs habitants sont devenus leurs collaborateurs dans le mal et pour semer terreur et désolation,
- A servi de base, pépinière des miliciens mai – mai pendant les différentes guerres dites de libération depuis 1996, et plusieurs jeunes de ce coin se faisaient recrutés dans ces groupes des miliciens : en guise d’exemple on cite le chef de ces miliciens Mze KITENGERA, MUSYAKULU, ONEZIME, MUDOHU,….et retenons qu’une base la plus importante était installée dans la localité de KASHITU en territoire de Beni en chefferie de BASHU proche de MUTSANGA.
- La présence d’un camp militaire sur la colline de KIKYO au quartier KALEMIRE qui avait hébergé successivement les militaires de la Division Spéciale Présidentielle (DSP), militaires de l’AFDL, les SARMA, les Gardes civils et même les miliciens mai mai. Soulignons que sur cette colline, un massacre d’une centaine des civils avait eu lieu, qui était l’œuvre des militaires de l’AFDL en guise de représailles contre les miliciens mai-mai qui faisaient des incursions dans leur camps nuitamment, et comme les mai mai se confondent souvent aux civils, les militaires du gouvernement s’abattaient sur les civils, et plusieurs habitants de Mutsanga avaient péris dans ces massacres, le grand nombre d’entre eu ayant été enterrés vivant dans des fosses communes en date du 14 au 18 avril 1998;
- La présence du Quartier Général du chef milicien mai-mai de Mze KUKUKUMANA Fabien Mudohu à KASHITU, une localité située en territoire de Beni en chefferie de BASHU à quelque Km de la zone géographique de Mutsanga ;
- La présence de l’Hôtel Auberge dans cette zone, qui était le meilleur hôtel pour héberger des officiers militaires, qui souvent se faisaient accompagner des dizaines des gardes, qui à leur tour semaient terreur et désolation dans les quartiers au lieu de garder leur chef à l’hôtel.
Les faits énumérés ci – haut ont fait que la zone MUTSANGA et environs soient une zone très vulnérable à tel point que les bandits civils, les bandits armés, les militaires en fonction et déserteurs comme démobilisés se déchargeaient sur la pauvre population sans défense au quotidien, les bandits d’autres coins de la ville venaient aussi se réfugier dans cette zone car étant une zone favorable pour eux, car étant fertile pour eux. Ainsi, plusieurs gangs des brandis ont eu à se développer dans cette partie de la ville, « Mutsanga », au vu et au su des autorités impuissantes.
La conséquence logique de cette situation était : les viols des femmes, les vols à mains armés ou non, les braquages, les extorsions, les assassinats,…
Autant des faits qui ont révolté les habitants de Mutsanga, devant un Etat presque démissionnaire, cette population a finalement décidé de se prendre en charge particulièrement pour ce qui est de l’aspect sécuritaire.
Dans le développement, l’auto prise en charge s’était orientée dans la voirie à travers les travaux communautaires dans l’entretien des rues et avenues par la canalisation des eaux de ruissellement.