Une pensée de Maître Issa BALUME, activiste des droits humains, partisan de la non-violence et membre du groupe de pression VÉRANDA MUTSANGA.
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L’expérience douloureuse et indélébile que le pays a traversé avec l’intégration des rebelles et membres des groupes armés au sein de l’armée, la police et les autres services de sécurité doit nous éduquer. Le pays, à travers ses innocents citoyens, surtout ceux de l’Est de la RDC, continue de payer de lourds tributs pour les faux pas commis par les gouvernants. Les efforts fournis dans ce sens sont à capitalisés. La balle est entre les mains des honorables députés, dont l’une des tâches est de légiférer, afin d’ériger en infractions l’intégration, le mixage et l’intégration des membres des groupes armés au sein de l’armée.
On se rappellera que :
La République démocratique du Congo fait face, depuis des décennies, à un cycle interminable des conflits armés. Certains sont orchestrés par des groupes armés nationaux et d’autres, les plus fatals, sont essentiellement entretenus par des groupes armés étrangers. Parce qu’en effet, la quasi-totalité de groupes armés à caractère purement national ont historiquement la vocation de groupe d’auto-défense. Par contre, des groupes armés à caractère étranger opèrent sur le sol congolais à la suite de plusieurs facteurs. Certains groupes armés étrangers se sont réfugiés au pays de en République démocratique du Congo à la suite des rébellions qui ont eu lieu dans leurs pays d’origine. C’est le cas de l’ADF dont, selon Trésor Kibangula, journaliste et expert auprès du Groupe d’Etude sur le Congo, la branche NALU qui avait la vocation de libérer l’Ouganda du régime de Yoweri Museveni a complètement disparu en 2007 lorsque ses hommes se sont rendus.
On se rappellera également que :
Déjà en 2002, le rapport du Groupe d’experts des Nations Unies et bien d’autres chercheurs démontraient que de l’autre côté du Rwanda où le génocide a eu lieu en1994, plusieurs membres de la communauté Hutu étaient venus en RDC fuyant les représailles du Front Patriotique Rwandais dirigé par Kagame qui venait prendre le pouvoir à Kigali. Mais également, ces conflits armés sont dus à la mission de l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC.
La succession des événements de guerre de l’Est du pays fait beaucoup penser. Déjà en juin 2003, la deuxième guerre du Congo (1998 – 2003), un conflit militaire, qui a opposé, sur le sol congolais, plusieurs pays africains et une trentaine de groupes armés, prend officiellement fin avec la formation d’un gouvernement de transition. Celui-ci, dirigé par Joseph Kabila et incluant les chefs des principaux groupes rebelles, organise immédiatement une nouvelle armée nationale : les forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC), dans lesquelles sont intégrés les combattants issus des rangs d’un de ces groupes armés.
On se rappellera toujours que :
Le RCD-Goma avait rejoint, en 1998, l’officier tutsi congolais Laurent Nkunda, qui a été intégré dans l’armée congolaise avec le grade de colonel et qui en 2004, a été promu général. C’est le même Nkunda qui est rapidement reparti en rébellion avec des troupes du RCD-Goma dans les forêts du Masisi, territoire congolais frontalier avec le Rwanda.
Ensuite, il y a eu de terribles massacres et violations graves des droits de l’homme en République démocratique du Congo entre 1994 et 2003, résultant des différents conflits ayant causé de manière directe ou indirecte beaucoup de morts entre 1998 à 2003 en RDC, selon les estimations de l’organisation non gouvernementale International Rescue Committee (IRC) (janvier 2007), après le génocide des Tutsi au Rwanda (1994) puis durant la première guerre du Congo (1996-1997) et la deuxième guerre du Congo (1998-2003).
Une motivation à la fois impérative et pertinente
L’armée loyaliste de la RDC a connu maintes intégrations, maints mixages et brassages des membres des groupes armés en son sein. Personne n’ignore, sauf ceux qui sont sur d’autres planètes, que le pays continue d’en payer jusqu’aujourd’hui et peut-être jusqu’à plusieurs années à venir, des conséquences incommensurables. En effet, cette approche a déjà montré ses limites et purement et simplement être déclarée désuète et par conséquent bloquée par toutes les voies possibles.
L’Assemblée Nationale a joué sa partition en formulant une recommandation très claire au Gouvernement de la République sur l’interdiction formelle d’intégrer, de mixer et de faire le brassage au sein des FARDC, de la PNC et d’autres services de sécurité. Le prochain épisode que les honorables députés Nationaux doivent jouer, c’est d’aller aux prochaines étapes. Il est temps d’élaborer des propositions de lois érigeant en infractions et pénalisant tout fait d’intégrer, de mixer et de faire le brassage des membres des groupes armés au sein des services de sécurité.
Ces actes doivent rapidement être érigés en infraction imprescriptible dans le code pénal ordinaire et ou dans le code pénal militaire congolais. Et en voici l’occasion afin de permettre aux membres du Gouvernement de mouiller le maillot pour défendre la souveraineté du pays. Ce geste attendu des honorables députés nationaux est loyal et rencontrera les attentes de la population générale du pays.
Une armée ayant pour mission fondamentale de défendre et sauvegarder l’intégralité territoriale du pays n’est pas à mettre à la merci de l’ennemi, souvent déguisé et travaillant sous couvert des groupes armés nationaux et étrangers. Cet acte courageux attendu des honorables députés nationaux est un gage de la punition et du châtiment réservés à quiconque trempera dans ces infractions à devenir, à quiconque aura facilité cette intégration ainsi qu’à ceux qui auront été intégrés en violation de cette loi.
Fait à Butembo le 14/11/2022.
Maître issa Balume,
Membre de la Véranda Mutsanga.