Une pensée de Maître Issa BALUME, activiste des droits humains, partisan de la non- violence et membre du groupe de pression VÉRANDA MUTSANGA.

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Plus de 17 mois se sont écoulés depuis l’instauration de l’état de siège dans deux provinces, à savoir le Nord-Kivu et l’Ituri. Même un petit enfant est en mesure de démontrer que le résultat est non pas mitigé mais bien évidemment nul. Le “Rapport Yotama” qui est aujourd’hui à sa troisième actualisation a démontré noir sur blanc que cette mesure n’est rien d’autre que de la pure perte de temps, tellement plus de 6 mille personnes ont péri rien que sous cette mesure.

Rien ne justifierait aujourd’hui le fait que le gouvernement congolais continue de brandir le projet de loi pour la prorogation de cette mesure exceptionnelle en disant qu’il n’y a pas encore un plan de sortie de crise. Des personnes éclairées et courageuses comme les Yotama, qui aujourd’hui forcent l’admiration pour leur travail parlementaire, prennent le risque de dire tout haut que l’Etat de siège à lamentablement échoué. Ce n’est pas fortuit que les auteurs du “Rapport Yotama” avancent le nouveau concept de “État de siège business” tellement que les animateurs des institutions sous Etat de siège brandissent les résultats d’ordre financier et oubli la chose la plus sacrée pour un État, à savoir la vie des citoyens.
Quel était donc la vraie raison d’être de cette mesure si ce n’est de mettre fin à la criminalité dans cette partie du pays, une criminalité jamais vécue dans aucun coin du monde?

Il n’est plus opportun de dire à l’heure actuelle que la mesure avait été mise en place sans une quelconque préparation et que c’était du tâtonnement pur et simple. Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est aujourd’hui grand temps de lever l’État de siège parce que tous les ingrédients sont réunis.

Comment comprendre l’indifférence du premier ministre qui a pourtant été en contact avec les populations de deux provinces concernées par l’Etat de siège et qui n’ont cessé de lui démontrer sans gants ni casques que la mesure toujours jugée d’exceptionnelle n’a pas pu changer la donne et n’a pas permis de faire bouger les lignes ? En quoi aura-t-on tord d’affirmer sans peur d’être contredit qu’il y a anguille sous roche et qu’en réalité, l’amour du pécule a primé sur l’amour des vies humaines ? Il y a sans doute des enjeux pécuniaires qui sont mis en avant…

Et l’attitude impuissante, si pas complice de la plupart d’élus nationaux incapables de suivre les pas de leur frère Tembos Yotama dont la bravoure n’est plus à démontrer ? Ont-ils oublié qu’il est grand temps de se conformer au dernier alinéa de l’article 144 de la constitution en vigueur en RDC dispose que: “l’Assemblée Nationale et le Sénat peuvent, par une loi, mettre fin à tout moment à l’état d’urgence ou l’état de siège”? Si eux l’ont publié, la communauté n’est pas si naïve de passer outre la détermination et le courage du groupe de députés qui ont déjà déposé une proposition de loi au bureau de l’Assemblée Nationale mais qui n’est pas encore examinée pour des raisons que seul le bureau de Christophe Mbosso Kodia connaît. Sont-ils, eux aussi, dans le circuit de “Etat de siège business”? Ils ont tous les moyens de prouver le contraire…

Lever l’Etat de siège est ce qu’il y a de plus courageux et salvateur à faire aujourd’hui et accompagner cette action des propositions personnelles suivantes :

Mettre les vaillants militaires congolais dans les conditions leur permettant de se concentrer à la guerre et laisser l’administration aux civils. Et cela demande que le gouvernement présente au parlement une loi budgétaire qui améliore le salaire des militaires de la 8eme armée la plus puissante d’Afrique.

Les autres députés doivent désormais comprendre qu’il y a une nécessité et urgence de soutenir leurs collègues de l’Est, dont les Yotama, pour ainsi voter contre la prochaine prorogation de l’état siège. Voter contre la prorogation de l’état de siège est de loin différent d’empêcher le Gouvernement de sécuriser les citoyens. La levée de l’état de siège ne pas le synonyme de l’abandon des missions régaliennes de l’Etat, bien plus dans les provinces sous examen l’on voudrait voir les militaires se concentrer au front et non s’embrouiller à maximiser les recettes des provinces.

Le Gouvernement doit avoir le courage, disons mieux l’humilité, d’accepter que le nombres des victimes des massacres a sensiblement augmenté durant l’Etat de siège et doit mettre fin à cette boucherie humaine. Nous en voulons pour preuve la gigantesque et trop coûteuse documentation ” Rapport Yotama” qui montre chiffres et preuves à l’appui que les citoyens meurent comme des mouches à l’Est de la RDC.
La vie humaine est sacrée nous en avons marre.

Maître Issa Balume,
Membre de la Véranda Mutsanga.