Au moment où les voix s’élèvent de partout pour demander la levée de l’Etat de siège, l’Honorable Tembos Yotama, élu de la ville de Butembo préfère parler par les chiffres afin de montrer au Premier Ministre et sa délégation l’ampleur du problème sécuritaire aggravé par l’Etat de siège. L’homme qui documente les massacres de Beni, Irumu et Mambasa, à l’Est de la RDC, données et preuves à l’appui, demande à Sama Lukonde de mettre de comprendre les voix de la population, gênée, fatiguée et démotivée par l’échec cuisant de l’Etat de siège.
Tembos Yotama, député provincial et son frère Mbenze Yotama, député provincial chapeautent depuis deux ans déjà la documentation des massacres de Beni au Nord-Kivu et Mambasa, Irumu, dans la province de l’Ituri. Dans la deuxième version du Rapport Yotama, cette équipe a révélé que jusque décembre 2021, plus de trois mille personnes ont été tuées. Aussi, plus de 2000 autres personnes ont été tuées dans les 9 mois de l’année 2022.
« Le Premier Ministre n’avait même pas besoin de venir faire un état des lieux. Ces chiffres à eux seuls suffisent pour démontrer que l’Etat de siège a échoué et a même aggravé la situation dans les zones où il est instauré. Nous lui avons donné ces chiffres et nous actualisons même aujourd’hui ces chiffres. Le tableau est sombre et il devait même pleurer en les lisant », intriduit Tembos Yotama.
En effet, les données du Rapport Yotama, dans son troisième volume en cours d’élaboration, montrent que les principaux auteurs de ces massacres sont les présumés ADF au Nord-Kivu et en Ituri. C’est en plein Etat de siège que tout ceci se déroule.
« Du 01 mai au 31 décembre 2021, période sous l’Etat de siège, soit 8 mois durant, le total des personnes tuées est de 3 878. Par moyenne simple, on se rend compte qu’au moins 485 personnes ont été tuées à chacun de ces 8 mois. Du 01 janvier au 21 septembre 2022, soit environs 9 mois, 2 360 personnes ont été tuées à Beni, Irumu et Mambasa. La moyenne mensuelle fait 263 personnes égorgées », démontre Tembos Yotama, député national élu de Butembo.
Mbenze Yotama, député provincial et défenseur de l’homme mais aussi co-auteur du Rapport Yotama, déplore que des missions d’évaluation se multiplient inutilement au lieu de s’appuyer sur des documentations fouinées et vérifiables. Nos rapports sont clairs quant à ce, les plaidoyers des structures de la société civile, les manifestations des populations contre cette mesure prouvent en suffisance que l’Etat de siège n’a pas apporté de valeur ajoutée », commente Maître Mbenze Yotama.
En synthèse, pendant les 17 mois de l’Etat de siège au Nord-Kivu et dans l’Ituri, les honorables Tembos Yotama et Mbenze Yotama et toute l’équipe d’investigations et enquêtes travaillant sur cette documentation ont documenté au total 6 512.
« Sama Lukonde, Felix Tshisekedi, et tous les ministères devraient déjà entendre les cris de la population, les cris de nous députés qui représentons la population…voici les chiffres que sans doute les manipulateurs des informations vont cacher à Sama Lukonde au cours de cette évaluation qu’il est venue faire sur l’Etat de siège. En plus, ces données sont non exhaustives dès lors que des détails et renseignements sur d’autres personnes égorgées sont en cours de validation. D’autres morts n’ont pas été documentées faute d’accès aux données », insiste Tembos Yotama.
Ce que doit faire Lukonde
L’honorable Tembos Yotama demande au Premier Ministre Sama Lukonde de déclencher le processus qui conduira le Président de la République à lever purement et simplement de la mesure de l’Etat de siège.
« Cette mesure a suffisamment prouvé ses limites, voire, elle a empiré la situation socio-sécuritaire et humanitaire dans les zones où elle est instaurée. D’où elle n’a plus sa raison d’être », argumente le défenseur des droits de l’homme Honorable Mbenze Yotama.
En avril 2022, le député national Tembos Yotama a publié un document intitulé « L’Etat de siège et ses paradoxes ». Il l’a déposé dans différentes institutions de la République démocratique du Congo depuis le vendredi 15 avril 2022, notamment à la Présidence de la République, à la Primature, aux Ministères de la Défense et de la Justice ainsi que dans les deux chambres du Parlement.
Le député Tembos Yotama expliquait déjà que l’heure est grave et que des mesures promptes et adaptées s’imposent vu la dégradation de la situation socio-humanitaire depuis l’instauration de l’Etat de siège dans la province du Nord-Kivu.
Ce document contient des révélations accablantes sur les paradoxes de l‘Etat de siège qui a empiré la situation des paisibles citoyens, à en croire l’élu de Butembo.
« Nous étions sur le terrain dans le cadre des vacances parlementaires et nous avons vécu nous-mêmes les faits. Nous devons user du pouvoir nous donné par le peuple pour faire bouger les lignes », déclare le député Tembos Yotama.
Rédaction VERANDAMUTSANGA.ORG